(kat) shatter me

Travailler dans un ranch. Il y a quelques temps, Bran n’y aurait jamais cru. Encore moins, au Canada. Lui qui vivait au Wyoming, là où il y a plus de ranchs que de centres commerciaux. Il fallait qu’il fasse plusieurs milliers de kilomètres pour qu’il travaille enfin dans un ranch. C’était encore ce qu’il connaissait le mieux. Retrouver les chevaux, sentir à nouveau l’odeur de la paille dans les allées des boxes, les voir galoper dans leur pâture. C’était apaisant, un retour à la nature, une remontée de souvenirs agréables. Bran se rappelait de ses concours d’obstacle, le frisson de chaque saut, l’adrénaline de chaque foulée. Mais au creek guest ranch, pas d’obstacle dans la carrière. Ici c’était plutôt western et balades dans la nature. Ce qui n’en déplaisait pas à Bran pour autant. Il se rendit dans le box d’une magnifique jument et qu’il mit dans un paddock pour qu’elle se défoule un peu. Il attrapa la fourche et commença à pailler le box. Il n’avait jamais pensé devenir palefrenier un jour. S’il avait pratiqué l’équitation, travailler dans cet univers ne lui avait jamais traversé l’esprit. C’était un passe-temps et aujourd’hui un gagne-pain, voire même une thérapie. Etre auprès de ces équidés lui faisait oublier tout ce qu’il lui été arrivé ces derniers mois.

L’embuscade, les heures seul à essayer de survivre. Ici, il arrivait à oublier, ne serait-ce qu’un temps. Entre deux préparations de chevaux pour une balade, deux nettoyages de boxe. Ou entre deux parties d’un tout autre plaisir. En sortant du box de la petite princesse, il aperçut au loin Kat Black, sa patronne, et pas que… Avant d’arriver, Bran avait postulé à l’offre d’emploi de Kat, elle avait accepté et accueillit à son arrivée. La jolie rousse avait tout de suite attiré l’œil de l’Américain. Son franc parlé, cette force et fragilité en une seule personne. Elle dégageait un truc qui plaisait vraiment à Bran et apparemment, il ne lui était pas indifférente non plus. Il resta là quelques instants à la regarder, ses courbes lui rappelant quelques plaisirs de la nuit dernière. Mélanger travail et plaisir n’entrait pas dans les habitudes de l’Américain mais il faut avouer que ce n’était pas toujours évident de se concentrer. Il alla ranger la fourche et la brouette, s’apprêtant à aller voir un autre cheval quand il vit Kat, essayant de mener deux chevaux pas très coopératifs. Bran se dépêcha d’aller la voir et lui attrapa une des deux longes « Besoin d’aide mademoiselle ? » lui demanda-t-il, le sourire aux lèvres.

Je reste installée quelques instants dans l'herbe, profitant de cette odeur fraîche qui remonte jusqu'à mes narines. Mes cheveux virevoltent avec les coups du vent. Mes petits joues deviennent rosâtres. Je ferme les yeux et je profite des bruits de la nature, j'entends les chevaux qui hennissent. Puis soudainement, Emma rompit mon instant de tranquillité. Je me levais, courant presque jusqu'à la cuisine, où je découvrais un pot de sauce tomate écrasé sur le sol. Je rigolais en voyant sa tête, elle s'attendait à ce que je l'engueule. Je l'aidais à tout ramasser, l'informant que j'allais préparer le dîner, mais elle semblait avoir changé d'avis, prête à aller passer sa journée et dîner en ville.
La matinée était passée rapidement, j'avais tout de même préparé un petit repas qui allait résidait dans le frigo jusqu'à ce que quelqu'un décide de se jeter dessus, comme moi par exemple. Je devais m'occuper de deux chevaux qui étaient arrivés il y a peu de temps au ranch. Lors d'une balade organisée, nous avions du refuser des personnes, alors avec les économies, j'avais réussi à les obtenir à un bon prix. Je tentais de les sortir du box, afin de les installer dans la prairie. Mais les deux étaient réticents. J'aurais pu demander de l'aide à Bran, mais comme à mon habitude je tentais de me débrouiller seule, pour ne pas le déranger. D'ailleurs, je pense être cette patronne trop gentille, qui insiste pour que son employé termine plus tôt, pour qu'il fasse une pause et prenne un gâteau. Bref, je n'arrive pas à m'en sortir, l'un d'eux semblait agressif. Bran vola à mon secours, attrapant l'un des deux.
- Besoin d’aide mademoiselle ?
- Merci... J'aurais peut-être du t'appeler avant.
D'un geste je lui montrais de me suivre jusqu'à la prairie, espérant qu'en se défoulant, les deux chevaux allaient se calmer. Je lâchais mon cheval, attentive à sa réaction. Je donnais un coup d'oeil à Bran, timidement. Je ne savais plus vraiment comment agir avec lui. Il m'attirait en permanence, je l'appréciais énormément, j'aimais l'écouter et j'aimais échanger avec lui. Et puis mes nuits passées à ses côtés me faisaient toujours autant frissonner. Je me rendais compte que Bran, parfois j'avais envie de plus avec lui.
- Tu veux manger avec moi ce soir ? Dis-je soudainement, n'ayant pas pris le temps de réfléchir avant de parler, mais cette spontanéité me plaisait, au moins j'osais.